RAPPEL DU PROJET INITIAL DU CENTRE CULTUREL DE CARHAIX :
Les axes prioritaires de développement clairement affichés de l'Espace Glenmor (ex-Miroir) étaient "la promotion des musiques traditionnelles de Bretagne et d'ailleurs, et la mise en place d'une dynamique de création et d'action culturelle à l'attention de tous les publics, sans oublier les autres formes d'expression artistiques, théâtre, danse, spectacles jeunes publics..."
"Le Centre-Bretagne, ou Kreiz-Breizh, bassin de vie de près de 110 000 personnes, sera le socle sur lequel il pourra s'appuyer dans son ambition de construire une assise régionale, qui entend mettre en valeur la culture locale. Des musiciens porteurs d'autres cultures viendront ensuite s'associer à cette dynamique pour enrichir l'action et la réflexion du Miroir, pôle central mais aussi moteur du développement culturel, dont la volonté est de rayonner sur tout le Kreiz- Breizh, et ainsi de transcender les frontières régionales et d'œuvrer pour le dialogue des cultures, par la promotion des musiques traditionnelles, des musiques du monde et des échanges culturels. Lieu de diffusion et de création musicale, il articulera héritage et projet, patrimoine et perspectives, identité et altérité, passé et avenir, et offrira un espace d'accueil pour les expériences et les formes artistiques largement minorées, dans le dessein de devenir un contrepoids à l'industrie culturelle et de contribuer à dessiner la carte des diversités culturelles. Les cultures traditionnelles prises dans le mouvement de leur renouvellement, telle pourrait être la devise du projet artistique initial, la vision d'une culture et d'un héritage se projetant dans l'avenir et s'ouvrant à l'autre."
En 2000, le projet obtient le label SMAC (Scène de Musiques Actuelles), délivré par le Ministère de la Culture, ce qui en fait, après Parthenay, le deuxième lieu en France labellisé pour sa qualité dans le domaine des musiques traditionnelles évolutives.
A l'occasion du comité de pilotage du 3 février 2000, la DRAC affirme son soutien financier en ces termes : "Carhaix a aujourd'hui une ambition artistique et les pré-requis pour entrainer des partenariats. Les financements d'investissement ont pu être obtenus sur cette ambition de départ, couplée avec la logique d'aménagement du territoire. Nous veillerons à ce que le projet artistique puisse se développer dans des conditions favorables. C'est à ces conditions que les partenariats suivront. " (C’est nous qui soulignons.)
2001, ODYSSÉE DE L'ESPACE :
En juin
2001, élu maire de Carhaix, Christian Troadec remercie le directeur du
Miroir, et commence par changer le nom du lieu. Le Miroir devient l'Espace Glenmor.
Le maire de Carhaix fait appel à Daniel Thenadey comme chargé de programmation
de l'Espace Glenmor. Celui-ci assurait précédemment la direction du centre culturel
des Arcs à Queven (56) et s'était bâti une solide réputation de programmateur,
notamment dans le domaine du jazz et des musiques traditionnelles de Bretagne
et d'ailleurs. Si Daniel Thenadey loue alors publiquement la qualité du projet
artistique et culturel de l'ancienne équipe, annonçant qu'il se situerait dans
sa continuité, il doit de toute urgence reporter d'avril à septembre l'inauguration
de la salle, et en revoir la programmation.
L'équipe de professionnels arrive sur le terrain très tardivement, pour quelques
uns (les deux techniciens et la médiatrice), quelques jours avant l'inauguration
de septembre 2001, qui accueillera près de 4 000 personnes en trois jours.
LA DÉRIVE DU PROJET SOUS LES MANDATS DE CHRISTIAN TROADEC (2001-2008) :
Déjà, dès juin 2001, la mise en place de l'équipe n'est plus conforme ni au projet présenté par l'ancienne municipalité et son ancien directeur, ni au cahier des charges du label SMAC. Aucun directeur général n'est nommé. Le poste d'administrateur est abandonné. Toutes les embauches sont faites sous forme d'emplois précaires (CDD). L'Espace Glenmor est donc dirigé, par défaut, de manière bicéphale par Daniel Thenadey, chargé de programmation, et par le directeur technique, Guy Bonardi.
Dès la première année de fonctionnement, on peut constater une fuite en avant de la municipalité devant le projet initialement élaboré par les deux municipalités précédentes. Une lente dérive s'installe. Le centre culturel destiné à devenir un lieu de création référent en matière de musiques et arts du monde, avec un rayonnement sur l'ensemble du territoire du Centre-Ouest Bretagne devient, peu à peu, un simple lieu de diffusion.
A l'occasion d'un débat public, organisé à l'initiative de DAW (Dre ar wenojenn, festival culturel décentralisé sur le Centre-Ouest Bretagne) sur le thème de la politique culturelle en Centre-Bretagne, le 1er décembre 2001, à l'Espace Glenmor, Daniel Thenadey exprime le constat de "failles techniques". Il déplore "qu'en terme de fonctionnement, les personnels aient été recrutés en fonction des moyens disponibles et non pas des besoins : il manque ainsi un(e) administrateur(trice) et au moins deux techniciens, ainsi qu'une personne à la billetterie".
Dès début 2002, une programmation attractive et des tarifs accessibles fidélisent déjà 215 abonnés, soit plus d'un tiers de la capacité de la salle. Le taux de fréquentation de l'Espace Glenmor durant ces sept années est, en moyenne, de 357 entrées payantes par spectacle, pour un total de 78 spectacles achetés par l'Espace Glenmor, soit environ 27 105 spectateurs payants, et 33 600 personnes, invités inclus, entre octobre 2001 et septembre 2007.
Dès la quatrième
année, les partenaires financiers (Conseil général du Finistère en 2005, puis
la DRAC en 2006) se désengagent du financement du fonctionnement d'un projet
artistique et culturel qui n'est plus conforme au cahier des charges initial.
Alors que, dès son élection, le maire de la Ville envisageait la construction
d'un Zénith, et que l'Espace Glenmor avait également été conçu pour accueillir
des congrès, un centre des congrès est construit en 2005, destiné à combler
le prétendu
déficit de
l'Espace Glenmor.
CHRISTIAN TROADEC ÉVINCE DANIEL THENADEY :
Comme toute
la programmation depuis le début, la saison culturelle 2008/2009 est validée
par le conseil d'administration au début de l'été 2008. Elle prévoit 13 représentations,
dont une de théâtre de boulevard et deux d'humour, imposées par la mairie. Les
neuf autres sont des concerts de jazz ou de musiques du monde.
En cours de saison, Daniel Thenadey est convoqué par deux membres du Conseil
d'administration, lequel ne s'était pas réuni au préalable pour statuer, et
se voit annoncer brutalement la non-reconduction de son contrat à durée déterminée.